(RV) «Tu as ajouté une perle au panorama religieux de la “Cité séraphique”, offrant à la communauté chrétienne et aux pèlerins une autre grande opportunité dont on peut justement espérer recueillir des fruits spirituels et pastoraux.» C’est avec ces mots que le Pape François remercie, dans une lettre rendue publique ce dimanche 16 avril 2017, l’évêque d’Assise-Nocera Umbra-Gualdo Tadino, Mgr Domenico Sorrentino, pour la création du sanctuaire du Dépouillement. Ce nouveau lieu de prière sera officiellement inauguré le 20 mai prochain. Il se trouve dans l’église de Sainte-Marie-Majeure, ancienne cathédrale d’Assise. C’est dans ces lieux que «saint François se dépouilla, jusqu’à la nudité, de tous ses biens terrestres pour se donner entièrement à Dieu».

Dans cette lettre très personnelle, le Pape rappelle sa première visite à Assise, en tant que souverain pontife. «La salle du dépouillement me faisait revivre avec une intensité particulière ce moment de la vie du saint», écrit-il. François souligne que le saint qui lui inspira son nom de règne, renonça au «dieu-argent» et se rappela qu’un «baptisé doit mettre l’amour pour le Christ au-dessus des affections les plus chères».

L’Église doit se dépouiller «de la mondanité» et revêtir «les valeurs de l’Évangile»

Lors de cette visite, le pape argentin rencontra, selon son souhait, des personnes pauvres, «témoignage de la réalité scandaleuse d’un monde encore si marqué par l’écart entre le très grand nombre des indigents, souvent privés du nécessaire, et la portion minuscule des possédants qui détiennent la majeure partie des richesses et qui prétendent déterminer les destinées de l’humanité». Le Pape dénonce alors «l’inégalité global» et «l’économie qui tue», se souvenant de la disparition, la veille de sa venue à Assise, de plusieurs dizaines de migrants au large de l’île italienne de Lampedusa. «Je sentais toute la vérité de ce qu’avait témoigné le jeune François: c’est seulement quand il s’approcha des plus pauvres, représentés à son époque surtout par des lépreux, et faisant preuve envers eux de miséricorde, qu’il éprouva “la douceur d’âme et de corps”», écrit le Saint-Père.

Il décrit ainsi le nouveau sanctuaire comme «la prophétie d’une société plus juste et solidaire, en même temps qu’il rappelle à l’Église son devoir de vivre, sur les traces de François, en se dépouillant de la mondanité et en revêtant les valeurs de l’Évangile». «Aujourd’hui il est plus que nécessaire que les paroles du Christ caractérisent le chemin et le style de l’Église. Si dans tant de régions du monde traditionnellement chrétiennes, on perçoit un éloignement de la foi, et si on est par conséquent appelés à une nouvelle évangélisation, le secret de notre prédication ne réside pas tant dans la force de nos paroles mais dans la fascination du témoignage, soutenu par la grâce,» Le Pape poursuit, estimant que l’Église «est sainte par les dons qu’elle reçoit d’en haut, mais elle est formée de pécheurs, et par conséquent, elle a toujours besoin de pénitence et de renouvellement».

Se dépouiller «de soi-même»

«Le dépouillement est un mystère d’amour», continue le Pape François, expliquant qu’on «doit se dépouiller, en somme, plus que de choses, de soi-même, mettant à part l’égoïsme qui nous fait nous accrocher à nos intérêts et à nos biens, nous empêchant de découvrir la beauté de l’autre et la joie de lui ouvrir notre cœur».

Pour conclure sa lettre, le Pape évoque la figure de l’évêque Guido qui accueillit saint François et qui symbolise, aux yeux du Saint-Père, «l’image d’une maternité de l’Église qui mérite d’être redécouverte, tandis que la condition de la jeunesse, dans le cadre général de crise de la société, pose de sérieuses questions» qu’il a voulu partager en convoquant un synode dédié à ces jeunes. «Il ne faut pas avoir peur de leur proposer le Christ et les idéaux exigeants de l’évangile», assure-t-il à l’évêque d’Assise.